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« GODILLES » – Théâtre

La course à la godille est un des sports olympiques du littoral. Une épreuve de force, d’endurance et d’équilibre.

C’est elle qui réunira quatre adolescents, trois garçons, Nénesse, Pikou Panez et Krank-koukou, élèves à l’école des apprentis maritimes et une fille, Lisa, fraîchement débarquée dans le petit port. Lisa manie l’aviron comme personne. Lisa est une énigme.

Nénesse, Ernest Oulhen pour sa famille, est un ancien de la marine marchande, un vieux célibataire. Ses souvenirs le ramènent huit ans après la guerre, 1953, il a presque 16 ans. La France se remet peu à peu de l’occupation mais rien n’est oublié. Le passé est encore trop proche pour être analysé, les émotions surgissent quand on ne s’y attend pas.

« GODILLES  » – Teaser – Auteur et comédien : Paul Madec

Une de mes précédentes créations était l’adaptation d’un roman de Flann o’Brien, un auteur irlandais. Il avait développé la théorie de l’échange intermoléculaire entre l’Irlandais et son vélo. Je crois que cet échange se fait également entre l’homme et son environnement proche, quotidien et qu’il s’y crée la plus grande grande part de son l’identité.

Moi, je suis Brestois, mais depuis près de 40 ans, je suis en création-résidence dans ce qu’on appelle « Le pays des Abers ». J’y travaille, j’y ai élevé mes enfants, je m’y promène, j’écoute, parfois je retiens. Un pays a aussi un son fait de silences, de bruits, d’intonations, humaines ou animales, d’accents. Tout fait ventre. Je m’en nourris depuis longtemps, il m’arrive de temps en temps de tendre un micro. Au détour d’un entretien, il arrive qu’une histoire, drôle, incongrue, cruelle, touchante, surgisse comme un éclair pour subitement disparaître à peine évoquée, surtout quand une vie est longue et bien remplie.

C’est cette fulgurance captée lors d’une interview fictive, car tel est le procédé de départ de la pièce, que j’ai voulu reporter. Nénesse est le concentré de plusieurs hommes, marqués par une époque, une éducation, une morale, en tous cas, un homme scotché à vie par sa rencontre avec Lisa. Il a touché l’inaccessible, il a croisé la liberté, la beauté et la tragédie. En échange, Nénesse va donner à Lisa les clés d’un pays – ou du moins ses clé à lui -, pays dans lequel il se fond jusqu’à son plus petit atome.

J’ai demandé à Céline Sorin, de la Compagnie Sumak, de venir m’aider à passer du statut trop protecteur d’auteur à celui, plus insolent envers le texte, de comédien. Dans ce métier, il faut souvent savoir lâcher ses créatures dans la nature.

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